Chapitre V ~ Le Grand Cataclysme

Ainsi, après quelques jours, une futile conférence de paix eut lieu.

En signe de respect envers les cinq Seigneurs Dragons, le champ éthéré qui protégeait la Tour fut abaissé, et ils furent invités à l’intérieur de la structure colossale pour y mener les négociations.

Ces quelques minutes durèrent une éternité. Kineas regardait ses légionnaires dans les yeux et ne pouvait y lire que la défiance et la colère. Eux aussi se demandaient comment nous avions pu être assez faibles pour essayer de traiter avec ces monstres qui ne cherchaient qu’à nous subjuguer.

Kineas se tourna vers le centurion en qui il avait le plus confiance, mais alors qu'il allait s’adresser à lui, tout chavira en un clin d’oeil. Des cris, de la confusion, une débâcle générale. Le Seigneur Vitra, un Balaur, était tombé et le Seigneur Asphel se tenait devant lui, le regard enflammé, prêt à se battre.

Les Balaurs se lancèrent à l’attaque. Des voix se levèrent pour implorer Siel et Israphel de rétablir le champ éthéré.

Ce fut la seconde fois, qu'ils nous firent défaut.

Perdus dans le tumulte, ils étaient incapables d’agir de concert pour défendre la tour. Sous les coups de griffes des Balaurs, la Tour commença à se fissurer.

Kineas se souvenait du visage d’Israphel, tourmenté par son sentiment de culpabilité, alors qu’il envoyait Asphel et ses Légions de Daevas au nord, pendant que Siel dirigeait Ariel et les siens vers le sud.

C’était notre dernier espoir. Séparés en deux groupes, chacun à une extrémité de la Tour, les Seigneurs Empyréens feraient tout en leur pouvoir pour empêcher son effondrement.

Ils tinrent bon. Mais le groupe du sud échoua, nous le savons désormais.

En un instant, notre monde fut plongé dans les ténèbres. Lorsque la lumière de la Tour s’éteignit, les gens se dispersèrent et se mirent à courir dans toutes les directions en hurlant de terreur.

Kineas se souvenait de cet instant comme si c’était hier. Il leva les yeux et il vit des fragments de la Tour se détacher et chuter, illuminés par la lumière vacillante de l’imposante structure. Il resta figé alors qu’un énorme fragment dégringolait vers lui. Il s'en souvenait clairement, car c’est le jour où il a découvert le don suprême des Daevas : l’immortalité.

A son réveil, Atréia était scindée en deux moitiés. La partie inférieure baignait dans une lumière radieuse et éclatante, alors que la nôtre était engloutie par des ténèbres glaciales et inhospitalières.

Ainsi avait pris fin la conférence de paix.

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